Le projet de Carlos Ott présente un plan dessinant un P, l’aile étant placée sur la rue de Lyon, et le volume elliptique faisant face à la place de la Bastille. L’imposante façade est en léger retrait, elle se distingue par un escalier monumental reliant l’espace public directement à l’étage du foyer. Pour des raisons d’accessibilité et de sécurité, cet escalier n’est malheureusement plus utilisé, ce qui modifie considérablement la perception d’approche en entrant dans l’édifice. Cet escalier est encadré par une porte rectangulaire qui vient rattraper, en front de voie public, l’échelle du bâtiment voisin dit « de la Tour d’argent ». Ce bâtiment de la fin du XVIIIe siècle, qui devait être préservé selon le premier projet présenté par Carlos Ott, a finalement été reconstruit en pastiche afin de reculer légèrement l’alignement et mieux l’inscrire dans l’entrée de la rue de Charenton, et de réorienter la façade davantage en continuité avec la ligne courbe dessinée par l’emprise de l’opéra lui-même. Le gros œuvre a été réalisé en béton armé. L’usage de charpentes métalliques avait été prohibé en raison des contraintes posées par ces structures en cas d’incendie. Ce matériau n’est cependant pas visible depuis l’extérieur. L’édifice présente une imbrication des volumes distincts (hémicycles, cubes, parallélépipèdes) correspondants aux différentes parties constituantes de ce programme. Les éléments sont également identifiables à leur couverture : les ateliers sont couverts de sheds alors que les salles et la grande scène de répétition sont coiffés par trois demicylindres. Ce morcellement en grands et petits volumes est destiné à limiter l’effet de masse de l’ensemble, cependant la composition comme le traitement des surfaces s’impose tout de même dans le paysage urbain. La lecture des fonctions depuis l’extérieur reste possible (demicylindres des salles de spectacles, cubes des cages de scène, façades plates des loges). Les matériaux accompagnent cette lecture, le verre notamment laisse respirer les espaces de circulations et les hautes élévations, le placage de granit contribue quant à lui au renforcement des surfaces planes. Il indique également au passant un édifice dans lequel la lumière ne pénètre pas totalement, la nécessité de contrôler précisément sa diffusion, et son absence total dans les volumes dédiés au déroulement des spectacles. L’édifice s’étend sur 90 000 m². La grande salle peut recevoir 2 700 places. Celle-ci bénéficie d’une acoustique naturelle dont la mise en œuvre a été particulièrement soignée et minutieusement pensée. Une salle de répétition et une salle modulable à caractère expérimental de 600 à 1 500 places complètent les espaces accessibles par le public depuis le foyer et les larges couloirs. Les arrière-scènes comprennent bien sûr d’imposants espaces de dégagement (hauts, bas, latéraux) permettant de manœuvrer les décors. Ces dégagements sont directement reliés à des magasins permettant de stocker les décors. Une Maison de l’Opéra, regroupant une bibliothèque, une discothèque, une vidéothèque, une salle de cinéma, des espaces de réunion, des salles d’exposition, est associée au programme de l’opéra lui-même. Le tout est accessible grâce à un parking de 1 000 places sur 30 000 m². L’ensemble est donc pensé comme une machine entièrement dédiée à l’art lyrique, ultrafonctionnelle, permettant la mise en scène de différents types de représentation. L’opéra Bastille renferme également tous les dispositifs nécessaires à la création de ces spectacles (ateliers de costume, serrurerie, menuiserie, sculpture, résine, peinture, accessoires, quincaillerie et réserves pour les dispositifs scéniques). Cette partie, qui se développe dans l’alignement de la rue de Lyon, est achevée en 1994. Les ateliers sont reliés à l’opéra par un couloir de 150 m. de long. Les dimensions de la circulation obligent à acheminer les plus grands décors en trois chariots. La façade des ateliers présente, en partie basse, une galerie longeant le trottoir et élargissant donc l’espace public. La présence de cette circulation couverte était initialement une réponse à une condition fixée au cahier des charges, puisqu’elle devait servir à prolonger la promenade plantée prévue sur l’ancien ferroduc jusqu’à la mettre en connexion avec la place de la Bastille. Finalement, cette promenade s’achève aujourd’hui avant la parcelle de l’opéra, et la galerie des ateliers a été récemment séparée de l’espace public par une clôture végétalisée. Dans le cadre du projet, le réaménagement de la section de la place de la Bastille dominant le bassin de l’Arsenal était également prévu. Cet espace devait pouvoir accueillir des spectacles en plein-air, et être architecturalement marqué par deux portes monumentales reprenant le motif encadrant le grand escalier de l’opéra. Ces aménagements figurant sur les premières esquisses n’ont pas été réalisés.
Opéra Bastille
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Localisation
2 place de la Bastille, 75012 Paris, Paris, Île-de-France, France
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Accès
Métro Bastille, lignes 1, 5 et 8 (sortie n°4 : r. de Lyon) / RER A Gare de Lyon / Bus : lignes 29, 69, 76, 86, 87, 91 / Parking : Q-Park Opéra Bastille - 34 rue de Lyon - 75012 Paris
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Site internet
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