
Comment avez-vous été amenés à concevoir l’affiche de la 40ème édition des JEP ?
J-B B : Nous avons été contactés, avec deux autres ateliers, par le ministère de la Culture qui nous a proposé de lui soumettre une ou deux propositions graphiques déclinables pour le visuel des journées européennes du patrimoine 2023. Cela nous a très agréablement surpris. Nous n’avions jamais réalisé d’affiches pour les JEP auparavant, mais nous avons été sélectionnés grâce à l’affiche que nous avions réalisés pour le Saut Hermès au Grand Palais, en 2018. Comme l’un des deux thèmes des JEP 2023 est le patrimoine du sport, nous avions déjà fait la démonstration de notre capacité à traiter graphiquement cet univers.
Quelles étaient les principales difficultés de l’exercice ?
FD : Outre les délais assez contraints -nous ne disposions que d’un mois pour présenter nos propositions- la principale difficulté était de parvenir à articuler trois entrées : le patrimoine vivant, le patrimoine du sport et le 40ème anniversaire des JEP. Nous avons cherché des points de jonction et avons décidé d’emblée d’être plus conceptuels que représentatifs.
Comment avez-vous abouti au visuel retenu ?
J-B B : Nous avons décidé de nous éloigner des affiches précédentes, nous ne souhaitions pas nous contenter d’une illustration sous des blocs de texte. Assez rapidement, l’idée de lignes de couleurs s’est imposée. Nous avons proposé deux pistes dans cette direction. Comme nous avons tous les deux le goût de la typographie, nous avons choisi, pour la piste qui a été retenue, d’y intégrer un mot. « Vivant » était celui qui recouvrait le mieux les trois entrées : la dynamique du sport, le patrimoine immatériel et bien sûr la vitalité des JEP. L’idée est d’avoir un premier impact visuel graphique puis que la découverte du mot vienne dans un second temps, pour éclairer et orienter la lecture.
FD : Les lignes forment des bandes aux couleurs des anneaux Olympiques : on peut y voir des trajectoires, des pistes d’athlétismes, des rubans de médailles. Mais elles évoquent aussi l’échange, le croisement, la transmission. Leur jaillissement est festif, mais l’organisation reste élégante. Le 40ème anniversaire est suggéré par des touches de doré, qui seront traités comme une couleur supplémentaire à l’impression. Ce visuel offre aussi l’avantage d’être aisément déclinable. Le principe des bandes et du lettrage facilite l’adaptation à différents supports ou la mise en valeur d’autres mots : « 40 ans » ou « 2023 » peuvent se substituer à « Vivant » par exemple. On peut aussi imaginer décliner ce vocabulaire plastique en signalétique, et se servir des bandes comme de flèches pour guider les visiteurs.
Que représente la sélection de votre projet ?
FD : C’est évidemment très agréable d’avoir été contacté puis sélectionné. L’univers de la culture nous est cher. Être associé au ministère de la Culture à l’occasion du 40ème anniversaire des Journées du patrimoine est bien sûr une source de fierté.
J-B B : Nous sommes maintenant impatients de voir notre travail dans la rue et de découvrir comment il va être accueilli par le public.
« « Vivant » recouvre à la fois la dynamique du sport, le patrimoine immatériel et la vitalité des JEP »
Atelier Cheeri : en lettres et couleurs
Jean-Baptiste Berthezène et Félix Demargne se sont rencontrés à l’École Nationale des Arts décoratifs de Paris. Ils ont fondé Cheeri, leur atelier de design graphique en 2008, après une première collaboration, déjà pour le ministère de la culture : la conception, au sein de l’atelier Des Signes, du site internet de la semaine de la langue française… « Nous avons choisi notre nom, Cheeri, pour sa sonorité et tout ce qu’il évoque en français comme en anglais. Il ne veut rien dire, on le prononce comme on souhaite, cette ouverture et cette liberté nous plaisaient bien » témoignent-ils d’une même voix. Cette liberté s’incarne dans un univers graphique qui privilégie la typographie et la couleur comme l’illustre leur affiche pour la 40ème édition des Journées européennes du Patrimoine.