Gérard d’Aboville, navigateur et président de l'Association Patrimoine Maritime et Fluvial, à l’origine de la création du label Bateaux d’Intérêt Patrimonial (BIP), revient sur cette reconnaissance prestigieuse à l’occasion des Journées européennes du patrimoine.
Navigateur aventurier et pionnier des traversées océaniques à la rame en solitaire, Gérard d’Aboville est passionné par la transmission et la reconnaissance du patrimoine maritime français. Président de l’Association Patrimoine Maritime et Fluvial, il est à l’origine du label Bateau d’Intérêt Patrimonial (BIP) qui, depuis 2006, distingue les navires significatifs pour le patrimoine national.
Chaque année, une commission constituée par des représentants des Affaires maritimes, des ministères de la Culture, de la Mer et des Transports, de la Fondation du patrimoine, de Voies Navigables de France, du Conservatoire du Littoral et de l’Association nationale des élus du littoral, assistés par cinq experts, examine plus d’une centaine de demandes de labellisation. À ce jour, 1 652 bateaux ont obtenu ce label.
Vous avez beaucoup œuvré pour la création du label Bateau d’Intérêt Patrimonial. Pourquoi avoir souhaité un tel dispositif ?
Gérard d’Aboville : Les bateaux de nos nombreuses côtes, qui témoignent d’influences nordiques, anglaises, ibériques ou latines, font la richesse et la diversité de notre patrimoine maritime. Alliant le spectaculaire et la tradition, des rassemblements mettant en scène des navires du patrimoine attirent de plus en plus de spectateurs. Ils permettent de mesurer l’élan qui se développe autour de la sauvegarde d’une culture plus que jamais attachée à ses racines. Il était important que ce patrimoine maritime exceptionnel bénéficie d’une reconnaissance à la hauteur de sa richesse et de son histoire.
Sur quels critères le label est-il attribué ?
Pour l’obtenir, un navire doit répondre à certains critères d’intérêt patrimonial tels que son histoire, sa fonction d’origine, sa construction, ses propriétaires passés ou son palmarès. Sa seule qualité technique et son ancienneté ne suffisent pas. Par exemple, le Ketch Joshua, construit en 1962, par ailleurs classé monument historique, doit cette reconnaissance non pas au bateau en lui-même, mais au périple autour du monde de Bernard Moitessier, son premier propriétaire, et à son livre « La longue Route » qui a inspiré une génération de navigateurs hauturiers. Dans ce cas, le label reconnaît ce destin exceptionnel indissociable de celui de son propriétaire.
Quels sont les avantages d’être reconnu BIP ?
Le label permet une exemption de la taxe de francisation annuelle (droit annuel de francisation et de navigation ou DAFN) sur les bateaux de plaisance. Les propriétaires peuvent aussi se voir accorder des subventions par certaines régions pour leur restauration. Cependant, la principale raison qui les poussent à demander le label est la reconnaissance de la valeur patrimoniale de leur bateau. Les propriétaires de nombreux navires non soumis à la taxe de francisation le demandent pour cette mise en valeur qui permet de transmettre les histoires de ces bateaux au public. Cette transmission est au cœur des missions de notre association et c’est la raison pour laquelle nous demandons aux propriétaires candidatant pour le label de s’informer sur la vie de leur bateau afin de rendre cette histoire accessible à tous via notre banque de données en ligne. Nous militons également pour que tous les BIP soient regroupés dans les ports afin qu’ils soient plus visibles du public.
Les Journées européennes du patrimoine ont justement pour objectif de rendre accessible ce patrimoine au grand public le temps d’un week-end. Sera-t-il possible de visiter certains de ces bateaux à cette occasion ?
Certainement, lors des Journées européennes du patrimoine, tous les BIP seront rassemblés devant le quai d’honneur dans certains ports comme celui de Sanary-sur-Mer, avec des panneaux expliquant l’histoire de chacun. Les passagers pourront aussi y embarquer pour des visites et des sorties en mer.
Flânez à Marseille lors des Journées européennes du patrimoine
Les 21 et 22 septembre, rendez-vous au port du Frioul à Marseille à la découverte de La Flâneuse, bateau d’intérêt patrimonial. Sa particularité ? C’est l'unique et dernière tartane malonnière de la côte méditerranéenne. En trente minutes, le capitaine présente sur le quai le seul navire de travail typiquement marseillais encore en activité. La visite est gratuite.