Les fortifications de Vauban : à la découverte de ce bien en série présent à travers l’hexagone

Journées européennes du patrimoine, coup de projecteur sur douze fortifications dessinées par Vauban et inscrites depuis 2008 au Patrimoine mondial de l’Unesco en tant que bien en série.

Ensemble, ces magnifiques fortifications dessinées par l’architecte de Louis XIV constituent une « ceinture de fer » autour de la France et un chef d’œuvre d’architecture militaire. Prise séparément, elles sont uniques. Pour chaque édifice, Vauban s’inspire du paysage, s’adapte au relief, utilise des matériaux disponibles localement. C’est pour cela que ces douze fortifications sont inscrites comme bien en série au Patrimoine mondial de l’Unesco au même titre que les grandes villes d’eau d’Europe, les sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes, les chemins de Saint Jacques de Compostelle, de l’œuvre architecturale de Le Corbusier et des beffrois de Belgique et de France.

Construits en réseau pour protéger la France, ces bastions et forteresses signés Vauban sont répartis sur tout le territoire et méritent la découverte. Tour d’horizon de ces sites pour vous aider à préparer la découverte de ces lieux lors des Journées européennes du patrimoine.

 

 

Des plaines du nord aux côtes occidentales

Au nord, la citadelle d’Arras (Pas-de-Calais) est l’une des premières réalisations de l’architecte. Construite en deux ans (1668-1670), elle constitue le plus bel exemple d’une citadelle de plaine. Plus à l’ouest, les tours observatoires de Saint-Vaast-La-Hougue/Tatihou (Manche) et la tour Dorée à Camaret-sur-Mer (Finistère) sont autant de constructions destinées à défendre le front de mer contre les invasions maritimes, à surveiller l’horizon et à communiquer entre les lignes défensives.

Plus au sud, le long du littoral, l’enceinte et la citadelle de Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime) peut abriter toute la population de l’île en cas de débarquement ennemi et la citadelle de Blaye, le fort Médoc et le fort Pâté (Gironde) constituent, sur l’estuaire de la Gironde, un formidable triptyque qui bloque toute invasion par le fleuve.

 

 

 

Du Sud vers la Meuse

Dans les Pyrénées-Orientales, la citadelle et l’enceinte de Mont-Louis s’adaptent parfaitement à la géographie montagneuse du site. Construite en deux ans à plus de 1 600 mètres d’altitude, l’ensemble fortifié empêche tout passage entre les Pyrénées. Un peu plus loin dans la vallée de la Têt, à Villefranche-De-Conflent, l’enceinte, le fort Libéria et la Cova Bastera constituent un ensemble complètement revu et amélioré par l’ingénieur. En remontant vers les Hautes-Alpes, la place forte de Mont-Dauphin a été construite de toute pièce pour contrer toute invasion venant d’Italie. À quelques kilomètres de là, la ville haute de Briançon (Hautes-Alpes) constitue un chef d’œuvre de fortification en montagne. À l’intersection de 5 vallées et juchée sur un piton rocheux à 1326 mètres d’altitude, la ville est un joyau qui se mérite.

Plus au nord, à Besançon (Doubs), Vauban utilise les fortifications érigées par les Romains, perfectionne certains édifices et en construit de nouveaux comme la citadelle pour remodeler et améliorer le système de défense de la ville. En Alsace, la ville de Neuf-Brisach (Haut-Rhin), ressemble à une étoile posée dans la plaine. Construite ex nihilo par l’architecte, elle représente son projet urbain le plus abouti : un plan octogonal, une circulation fluide et des lignes claires entre lieux de combat, de commandement et de vie civile. En Meurthe-et-Moselle, la nouvelle ville de Longwy a réussi à préserver, malgré les nombreuses attaques au fil des ans, les bâtiments et le plan d’urbanisme imaginés par Vauban.

 

Qu’est-ce qu’un « bien en série » ?

Il doit inclure deux ou plusieurs éléments constitutifs reliés entre eux par des liens clairement définis et satisfaire au moins à l’un des dix critères définis par l’Unesco. Il faut également que la série, dans son ensemble, ait une valeur universelle exceptionnelle. Un bien en série peut se situer sur le territoire d’un seul pays (bien en série national) ou dans plusieurs (bien en série transnational). C’est le cas des 56 Beffrois de Belgique et de France typiques des paysages du nord comme par exemple à Béthune. Construites entre le XIe et le XVIIe siècles, ces hautes et larges tours abritaient les cloches communales, conservaient les chartes et trésors, accueillaient les réunions des échevins, etc. Ils sont entrés au Patrimoine mondial en 1999 et 2005.