
Impossible d’évoquer l’identité guadeloupéenne sans parler du gwoka : cette expression artistique, qui allie danse traditionnelle, chant responsorial en créole guadeloupéen, et rythmes joués aux tambours, est indissociable du patrimoine de l’île. C’est en cercle, en extérieur, que l’alchimie se crée. À l’intérieur du cercle : chaque danseur entre à tour de rôle, face aux tambours. Les spectateurs frappent des mains et chantent en rythme. Ils attendent de ressentir l’émotion partagée par le chanteur, et de voir la capacité du danseur à établir un contact avec le joueur de tambour (makè), soliste, lui aussi. Ainsi, plusieurs milliers de personnes se retrouvent lors de soirées festives, organisées généralement les week-end, durant lesquelles chacun est invité à montrer ses talents d’improvisation.
Introduit à partir du XVIIe siècle par les Africains déportés et mis en esclavage en Guadeloupe, cette pratique s’est ensuite étendue à la petite paysannerie. À partir des années 1970, dans le contexte de mouvements nationalistes, les intellectuels, étudiants et lycéens s’en emparent et la démocratisent à l’ensemble de la société guadeloupéenne. Aujourd’hui, le gwoka accompagne les moments de communion des Guadeloupéens : certains rituels, religieux ou non, pour honorer la mémoire des défunts, les rassemblements populaires comme les carnavals et même les manifestations, qu’elles soient politiques ou sociales. Plus de 150 associations de gwoka existent en Guadeloupe et en France métropolitaine.