L’équitation française, un art de monter à cheval reconnu par l’UNESCO

L’équitation n’est pas seulement l’un des sports les plus populaires en France. Elle est aussi le fruit de plusieurs siècles d’histoire et fait partie du patrimoine immatériel de l’humanité. Alors que les Journées Européennes du patrimoine mettent le sport à l’honneur, retour sur cette pratique sportive, élevée au rang d’art.

La 40e édition des Journées européennes du patrimoine est non seulement placée sous le signe du patrimoine vivant, thème conjoint aux 48 pays participants, mais aussi sportif. Un choix qui ne doit rien au hasard puisque Paris accueillera les premières épreuves olympiques le 26 juillet 2024. Les spectateurs du monde entier verront s’affronter 10 500 athlètes sur 329 épreuves, pendant 19 jours de compétition : ce sera le plus grand événement jamais organisé en France. 

Avant tout sportif, ce rendez-vous d’exception invite aussi les artistes à s’exprimer. L’Olympiade culturelle, issue d’une longue tradition des Jeux depuis 1904, met en avant les différentes disciplines artistiques à travers l’organisation de spectacles et de concerts. Entre 1912 et 1948, des médailles olympiques étaient même décernées aux créateurs ayant pris pour inspiration le sport ou les sportifs dans leurs œuvres. La France compte justement une pratique sportive reconnue également comme un « art » au patrimoine culturel immatériel (PCI) de l’UNESCO : l’équitation de tradition française. 

L’équitation : troisième sport national 

L’amour des Français pour l’équitation ne se dément pas. Le pays compterait près de 3 millions de cavaliers réguliers pratiquant ce sport (au moins une fois par semaine) et occasionnels (au moins une fois par an). Avec ses 670 000 licenciés en 2021, la Fédération Française d’Équitation (FFE) se place d’ailleurs à la troisième place des fédérations sportives de l’Hexagone, derrière le football et le tennis. Les Français pourront suivre les épreuves équestres olympiques en direct du Château de Versailles du 27 juillet au 6 août 2024, et paralympique du 3 au 7 septembre. Quatre épreuves sont au programme : le saut d’obstacles, le dressage, le concours complet, et enfin, le para dressage, une épreuve de dressage adaptée aux sportifs en situation de handicap.

Le cheval, un élément essentiel de l’Histoire de France

« Le cheval a vraiment été un animal qui a façonné l’Histoire de France, raconte Honorine Tellier, responsable du fonds patrimonial et d’archives à l’Institut français du cheval et de l’équitation. Il a permis de protéger le pays pendant les guerres et a structuré les territoires dans les secteurs de l’industrie, du transport et de l’agriculture, jusqu’au début du XXe siècle ». C’est à partir de la Renaissance que l’équitation connaît un rayonnement particulier en France. Le cheval ne représente plus seulement un moyen de locomotion : il devient un art. « On peut aussi le faire danser », remarque Pascal Marry, Président de la commission Culture et Patrimoine de la FFE. Au XVe siècle, l’aristocratie française s’inspire notamment du Royaume de Naples, sous le règne d'Alphonse V d'Aragon, pour introduire l’équitation à la cour du roi de France. Une démonstration de puissance pour les monarques de l’époque. « Selon Antoine de Pluvinel, l’un des théoriciens de l’équitation, sa pratique est une préparation à l’art de gouverner », poursuit Honorine Tellier.

 

La recherche de la légèreté 

L’équitation dite de tradition française s’est inspirée de cette maîtrise de soi et de l’animal au fil des siècles et ne cesse d’évoluer. Elle ne peut se réduire à la seule pratique sportive, car elle est aussi un art, voire une philosophie fondée sur l’écoute et la compréhension mutuelle. Son objectif : la légèreté. « On cherche à avoir un couple cavalier-cheval très harmonieux, dans le respect de l’animal. Le cheval doit avoir l’air de se mouvoir de lui-même, sans que son cavalier exerce la moindre pression », précise Honorine Tellier. Cette reconnaissance au patrimoine culturel immatériel de l’humanité inscrit les cavaliers dans un héritage national. « C’est une chance énorme car cela invite les professeurs et les élèves à réfléchir au lien qu’ils veulent entretenir avec l’animal », estime Pascal Marry. La France a d’ailleurs été très proactive dans ce sens. « La réglementation de la Fédération française d’équitation évolue depuis 30 ans en faveur de relations de douceur envers le cheval, au lieu de l’utilisation de la force », conclue-t-il.