De Toutânkhamon à Coco Chanel, la perle de verre, un objet intemporel

Sous forme de colliers, parures, ou objets décoratifs… La perle de verre a traversé les styles et les époques depuis l’Antiquité. Sa fabrication artisanale est aujourd’hui distinguée par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel.
Face à une production en série à bas coût, la fabrication artisanale de la perle de verre se doit d’être inventive. Un savoir-faire français et italien reconnu par l’UNESCO depuis 2020

À l’origine précieuse et rare, la perle de verre a aussi bien conquis le pharaon égyptien Toutânkhamon, qui l’a emportée dans son tombeau, que la créatrice de mode Coco Chanel. Sa fabrication repose sur un savoir-faire ancestral, reconnu depuis 2020 comme un art dans le monde entier. « Le verre a été inventé au IIe millénaire avant notre ère, probablement par hasard, au Proche-Orient », raconte Pascal Guégan, membre historique de l’Association des perliers d’art de France (APAF), et co-auteur du dossier d’inscription à l’UNESCO. Aujourd’hui parure de mode ou objet d’art, la perle de verre s’est démocratisée sous l’Empire romain, après avoir brillé chez les Gaulois, qui portaient aussi des bracelets de verre polychromes, ou encore chez les Parisiennes des Années folles, amatrices de longs sautoirs de perles nacrées. 

Qu’elles soient pleines ou creuses, les perles sont fabriquées une à une à la main, à l’aide d’un chalumeau, et peuvent être décorées à la guise des artisans. « Plus on y consacre du temps, plus on peut y ajouter une décoration sophistiquée : on la façonne, on la dépolit, on la travaille à froid, on lui applique des points, des torsades, des murrines…» énumère Pascal Guégan. Une nécessité aujourd’hui d’imposer sa « pâte » pour se différencier d’une production en série étrangère. « La fabrication française des perles de verre s’est effondrée à la fin du XXe siècle, au moment où les pays émergents l’ont reprise à leur compte, avec des prix défiants toute concurrence » poursuit-il. Sa pratique a failli tomber dans l’oubli, mais connaît aujourd’hui un regain d’intérêt. De plus en plus de passionnés franchissent la porte d’ateliers, pour apprendre à leur tour la maîtrise d’un matériau, le verre, et d’un élément, le feu.