Architecture balnéaire : 5 villes à découvrir

L’héritage maritime de la France est à l’honneur des 41e Journées européennes du patrimoine, et notamment son architecture balnéaire. Reflet social, économique, industriel et culturel de notre histoire, l’architecture des bords de mer est un témoin vivant de l’évolution des loisirs, du tourisme et d’un certain art de vivre à la française.
Saint-Jean-de-Luz, France

Mers-les-bains, l’art de vivre de la Belle Époque
Dès 1860, la mode des bains de mer est lancée en Angleterre, pour ses bienfaits thérapeutiques. Très vite, la frénésie s’empare de la France et Mers-les-Bains, jusqu’alors paisible port de pêche en bordure de falaise, devient une destination balnéaire prisée de ceux que l’on appelait « les baigneurs ».  Riches industriels du Nord mais aussi bourgeois d’Amiens et aristocrates parisiens, chacun veut que sa résidence secondaire soit la plus belle, la plus audacieuse, la plus remarquée. Le niveau social doit s’afficher dans le détail architectural. Classé Site patrimonial remarquable, le quartier balnéaire de Mers-les-Bains compte plus de 600 maisons, toutes dessinées par des architectes renommés. Colorées, émaillées, inspirées de l’art floral et végétal, ces villas du front de mer forment un ensemble emblématique de l’âge d’or balnéaire de la Belle Époque.

 

Dinard, une passion anglo-normande
En 1881, la ligne de chemin de fer qui relie Paris à Dinard est inaugurée. Cet essor ferroviaire du XIXème siècle marque le début d’un engouement fervent des Parisiens aisés pour ce qui allait devenir une des stations balnéaires les plus prisées de la façade atlantique. Mais ils n’étaient pas les seuls : les riches Britanniques ont pu aussi, à cette époque, rallier la ville en combinant le train de Londres à Southampton, puis un ferry jusqu’aux côtes françaises. Leur influence a été déterminante dans la renommée de Dinard, appelée la « Cannes de l’Ouest ». Il suffit de contempler la Villa des Roches Brunes et les autres imposantes bâtisses de la pointe de la Malouine pour en décrypter les influences victoriennes et édouardiennes : jardins à l’anglaise, bow-windows, vérandas en bois et toitures à pignons. La promenade du Clair de lune, bordée de villas aristocratiques, est un itinéraire typique de cet esprit tea time et parasols, incomparable.

Saint-Jean-de-Luz, l’architecture des identités
Ville de corsaires au Moyen Âge et à la Renaissance, il a fallu attendre le XVIIème siècle pour que le port de pêche de Saint-Jean-de-Luz commence à se transformer en destination balnéaire. En 1660, Louis XIV y épouse Marie-Thérèse, l’infante d’Espagne. La Maison Louis XIV est construite pour servir de résidence au roi pendant son séjour tandis que la Maison de l’Infante, bâtie dans un style italien atypique pour la région,  doit affirmer l’importance de la Méditerranée en terre française. Le mariage royal est aussi un enjeu architectural et diplomatique : la bourgeoisie afflue et leurs maisons conjuguent influence royale et architecture basque traditionnelle. Cette mixité de styles se poursuivra au moment de l’essor des bains de mer, au XIXème siècle : la Villa Leihorra, à Ciboure, incarne la vision moderniste d’un de ses architectes les plus connus, Joseph Hiriart, tout en conservant une identité basque forte.

Beaulieu-sur-Mer, la naissance des jardins d’hiver
En 1864, le petit port de Beaulieu-sur-Mer dans les Alpes-Maritimes devient accessible par le train : la Riviera s’ouvre à une élite européenne d’artistes, d’écrivains, d’industriels et d’aristocrates, attirés par la douceur de vivre de la Côte d’Azur. Jules Verne aimait y nourrir l’imaginaire de ses romans et Sissi l’impératrice arpentait inlassablement plage et jardins des villas du bord de mer. La particularité de ces estivants a donné lieu à une architecture à l’esthétique pointue, avec une attention particulière aux détails : influences gréco-latines, terrasses panoramiques, apparition des serres et des jardins d’hiver. La ville tout entière est un écrin propice à l’imagination, à la contemplation et aux échanges artistiques. La Villa Kérylos, œuvre de l’architecte Emmanuel Pontremoli, est inspirée des demeures de la Grèce antique : marbre de Carrare, bronze et statues d’éphèbes rappellent que l’architecture balnéaire est aussi un aiguillon pour la création.

Saint-Denis de la Réunion, la réconciliation du passé
L’architecture de la capitale de La Réunion est un héritage intense d’influences coloniales et de traditions créoles. La promenade du Barachois, qui borde l’océan indien, est jalonnée de canons de marine qui rappellent le passé militaire de l’île. C’est aujourd’hui un lieu de mémoire et de balade, carrefour de la vie sociale des habitants et des voyageurs. Ses jardins paysagers foisonnent d’espèces botaniques rares avec, en arrière-plan, les bâtiments coloniaux qui témoignent de l’urbanisme architectural de la période coloniale. Cheminer parmi les maisons en bois créoles, surélevées pour se protéger de l’humidité, est une manière de comprendre comment l’architecture ultramarine s’est forgé une identité à la mesure des enjeux historiques et climatiques.

 

Saint-Denis de La Reunion - JEP24